Vous préparez des travaux de rénovation ou de construction neuve et vous vous retrouvez face à une question récurrente : faut-il choisir du PER ou du multicouche pour ma plomberie ? C’est un vrai casse-tête, nous le savons. L’un promet des économies alléchantes, l’autre vante une résistance supérieure. Entre le budget serré et le besoin de durabilité, il faut vraiment comprendre ce qui se cache derrière ces deux matériaux pour faire le bon choix. Laissez-nous vous guider à travers cette comparaison.

Le PER : le champion de l’économie

Qu’est-ce que le PER exactement ?

Le PER, ou Polyéthylène Réticulé, c’est un peu le jeu des trois couleurs dans votre maison. Bleu pour l’eau froide, rouge pour l’eau chaude, vous savez immédiatement à quoi correspond chaque tuyau. Ce matériau synthétique semi-rigide est devenu l’un des incontournables de la plomberie moderne, remplaçant progressivement le cuivre traditionnel.

Pourquoi ? Principalement parce qu’il coûte environ 10 fois moins cher que le cuivre et que tout le monde, ou presque, peut l’installer sans être plombier professionnel. C’est vrai, il ne demande aucune soudure, aucun chalumeau – juste quelques raccords et le tour est joué.

Les vrais avantages du PER

Le prix, d’abord. Un mètre linéaire de tube PER de 16 mm coûte environ 0,61 € TTC, contre 1,62 € pour le multicouche de même diamètre. Quand on construit une maison ou qu’on rénove complètement son réseau, cette différence représente des centaines d’euros d’économies.

Ensuite, l’installation simplifiée. Contrairement au cuivre qui demande des soudures et un savoir-faire technique, le PER ne nécessite que des raccords à glissement ou à sertir. C’est accessible, même pour un bricoleur amateur motivé.

Le PER est également totalement insensible à la corrosion et au calcaire, ce qui signifie que votre réseau ne s’encrasse pas progressivement. Et avec une durée de vie moyenne de 25 à 30 ans en exploitation normale, il reste fiable pour une première installation ou une rénovation standard.

Les pièges à connaître

Mais le PER n’est pas parfait, loin de là. Son grand ennemi ? La chaleur et les rayons UV. Le PER se dilate énormément quand il chauffe – jusqu’à 10 fois plus que le multicouche. Cela signifie que si vous posez un tube PER de façon trop rectiligne, il va se courber et crisser quand l’eau chaude passe dedans. Pas idéal pour une installation discrète.

Pire encore : le PER n’aime pas le soleil. Il est très sensible aux rayons UV, ce qui le rend absolument incompatible avec une pose en apparent ou en extérieur. Il faut l’encastrer impérativement.

Il y a aussi la question de l’oxygène. Le PER est perméable à l’oxygène, ce qui peut créer des boues dans les circuits fermés de chauffage. Les fabricants ont développé le PER BAO (barrière anti-oxygène) pour contourner ce problème, mais c’est une surcharge de coût.

Et n’oubliez pas : attention à ne pas le plier lors de l’installation. Une kink (un pli) dans le tuyau et c’est terminé, il faut le remplacer.

Pour qui, le PER ?

Le PER s’impose quand vous avez un budget limité ou que vous avez un projet simple : plomberie sanitaire encastrée, petits circuits, installation accessible aux bricoleurs. C’est aussi l’idéal pour les planchers chauffants fonctionnant à basse température où sa flexibilité est un vrai plus.

Le multicouche : le polyvalent de haut niveau

Comment ça marche, le multicouche ?

Imaginez un sandwich de matériaux : polyéthylène à l’intérieur et à l’extérieur, avec une couche d’aluminium au milieu. C’est exactement ça, le multicouche. Cette structure composite crée une sorte d’alchimie qui combine les avantages du PER (flexibilité, facilité de pose) avec ceux du cuivre (stabilité, résistance).

La couche d’aluminium centrale ? Elle joue un rôle crucial. Elle offre une barrière étanche à l’oxygène, empêchant la formation de boues dans les circuits fermés. Elle donne aussi au tube une mémoire de forme : vous pouvez le courber manuellement et il conserve la forme que vous lui donnez.

Les atouts majeurs du multicouche

Commençons par les performances. Le multicouche résiste à des températures jusqu’à 95°C, bien plus que ce que peut supporter le PER stable. C’est parfait pour les installations de chauffage exigeantes.

Sa dilatation thermique est 10 fois moins importante que celle du PER. Vous n’avez pas à vous soucier de prévoir de la longueur supplémentaire ou de craindre les bruits de tuyauterie. C’est une vraie tranquillité d’esprit.

Autre avantage de taille : il peut être installé en apparent. Grâce à sa résistance naturelle aux UV, le multicouche ne craint pas le soleil. Sa couleur grise neutre le rend esthétiquement acceptable, ce qui permet d’envisager des configurations qu’on ne peut pas faire avec du PER.

Enfin, avec une durée de vie de 50 à 75 ans, le multicouche rivalise avec le cuivre, et contrairement à ce dernier, il n’est jamais affecté par la corrosion ou le calcaire. Vous installez une fois et vous oubliez.

Ce qu’il faut savoir avant de sauter le pas

Le multicouche coûte plus cher. Pas deux fois plus cher, mais 2,5 à 3,5 fois plus cher que le PER. C’est un investissement, mais il faut le voir sur la durée de vie.

L’installation demande des outils spécifiques : une pince à sertir est indispensable, et ce n’est pas aussi simple que les raccords PER classiques. Vous avez vraiment intérêt à savoir ce que vous faites ou à faire appel à un professionnel.

Il y a aussi une règle importante : vous devez impérativement utiliser des tubes et des raccords du même fabricant ou de la même certification NF. Ce n’est pas interchangeable comme le PER où les raccords compatibles NF fonctionnent avec n’importe quel tube PER NF. Avec le multicouche, c’est un système global.

Pour qui, le multicouche ?

Le multicouche brille dans les situations exigeantes : installations apparentes, réseaux de chauffage performants, environnements avec fortes variations de température. Si vous faites construire et que vous voulez une installation durable sans vous soucier de maintenance future, c’est le bon choix.

Comparaison chiffrée : les vraies différences

CritèrePERMulticouche
Prix au mètre0,61 €1,62 €
Durée de vie25-30 ans50-75 ans
Dilatation thermiqueTrès importante (10x plus)Très faible
Résistance aux UVAucuneExcellente
Température max supportée~60°C stable95°C
Installation apparenteImpossiblePossible
Barrière anti-oxygèneNon (sauf PER BAO)Oui

Les questions que tout le monde se pose

Est-ce qu’on peut mixer PER et multicouche ?

Techniquement non, pas directement. Les diamètres intérieurs diffèrent : un PER de 16 mm a un diamètre intérieur de 13 mm, tandis qu’un multicouche de 16 mm n’en a que 12 mm. Les raccords ne sont pas compatibles. Il existe cependant des pièces de transition appelées raccords passerelles qui permettent de faire la jonction entre les deux matériaux.

Quel raccord PER choisir : glissement ou sertir ?

Peut-on installer du multicouche dans un plancher chauffant ?

À retenir

  • Le PER est votre choix si le budget prime et que vous installez en encastré : économies évidentes, installation facile.
  • Le multicouche convient si vous cherchez de la durabilité, une pose en apparent ou des performances thermiques exigeantes.
  • La différence de prix est réelle mais s’amortit sur la durée de vie.
  • Attention à la compatibilité : les raccords ne sont pas interchangeables entre les deux matériaux.
  • Le multicouche offre une meilleure isolation phonique des bruits d’eau, un bonus non négligeable quand les tuyaux passent près des chambres.

Conclusion

Au final, il n’y a pas de réponse universelle. Tout dépend de votre projet, de votre budget et de vos priorités. Un budget limité pour une rénovation standard ? PER en encastré. Un projet neuf où vous voulez une installation durable et esthétique ? Multicouche. Et si vous hésitez encore, n’oubliez pas : un professionnel peut vous aider à faire le bon choix en fonction de vos conditions réelles.